Investir dans des bons d’Etat : est-ce un placement intéressant et à quoi faut-il être attentif ?

Les banques offrent-elles un meilleur taux d’intérêt que les bons d’Etat ?

Jusqu’au 1er mars 2024 inclus, chaque citoyen a la possibilité de souscrire à des bons d’Etat, à un an ou à trois ans. Certaines banques sollicitent leurs clients en leur proposant d’autres produits d’épargne (comptes d’épargne, obligations ou autres). Le précompte mobilier sur les intérêts du bon d’Etat reste fixé à 30%. Mais le bon d’Etat est-il le meilleur moyen d’investir ses économies actuellement ? A quoi faut-il être attentif ?

Qu’est-ce qu’un bon d’Etat ?

L’Etat belge est très endetté (il souhaite en 2024 financer un déficit fédéral de 21 milliards d’euros et refinancer la dette publique qui arrive à échéance pour 29 milliards d’euros) et un des moyens de mobiliser de l’argent pour payer cette dette est de solliciter les citoyens, qui disposent d’une énorme épargne. Cela peut se faire notamment en émettant des bons d’Etat, en principe quatre fois par an (mars, juin, septembre et décembre).

Les autorités mettent en avant les avantages du bon d’Etat comme placement sûr : cela consiste à prêter de l’argent à l’Etat belge. L’épargnant connaît à l’avance le montant des intérêts qu’il recevra et il faudrait que l’Etat belge se trouve en faillite pour que cet argent soit perdu.

Quel est le rendement des bons d’Etat ? Comment souscrire ?

Si vous souscrivez un bon à un an, vous avez un taux d’intérêt net (après déduction de 30% de précompte mobilier) de 2,10%. Si vous souscrivez un bon à trois ans, le taux d’intérêt net est de 1,75%.

Vous pouvez souscrire (en direct via le site internet de l’Agence de la Dette, des bons d’Etat à partir de 100 euros et des multiples de 100 euros).

Vous pouvez aussi souscrire via votre institution financière, voici la liste des établissements agréés pour cela. Ces bons d’Etat seront placés sur un compte-titre si vous en possédez un. Dans ce cas la banque peut vous compter des frais pour conserver les bons d’Etat. Il faut noter que les opérations sur les comptes-titres sont soumises à une taxe de 0,15%.

Acheter des bons d’Etat est-il un bon placement ?

Acheter des bons d’Etat rapporte plus que de laisser dormir ses économies dans une banque. Le rendement des bons à un an est plus intéressant que celui des bons à trois ans (2,10% net contre 1,75% net). Testachats a compilé les taux des comptes d’épargne, des obligations et assurances-épargne que proposent les institutions actuellement. Il faut garder en tête qu’il y a une différence entre le taux de base (variable à tout moment) et la prime de fidélité (fixée pour un an). Le site Guide-épargne.be compare de son côté les rendements des bons d’Etat à d’autres placements (comptes à terme).

  • Acheter des bons d’Etat est moins risqué que d’investir en Bourse : même si cela pourrait rapporter plus, vous pourriez perdre (tout ou partie de) votre mise de départ.
  • Et c’est un placement très sûr. Le risque que l’Etat belge tombe en faillite est proche de zéro, donc vous avez quasiment une garantie que vous reverrez la couleur de votre argent à l’échéance convenue et au taux d’intérêt convenu.

Les banques, elles, proposent à leurs clients qui ne souhaitent pas prendre trop de risques, des obligations qui établissent a minima un capital garanti et des taux qui sont aujourd’hui concurrentiels au regard des bons d’état, ce qui n’était pas le cas lors de la précédente période de souscription. Les sommes récoltées cet automne avaient titillé les banques, les privant de nombreux milliards, sans pour autant les inciter à une augmentation significative de leur taux.

A quoi faut-il être attentif si l’on souscrit des bons d’Etat ?

La période de souscription se termine le 1er mars 2024. Si vous souscrivez en ligne, c’est jusqu’au 29 février 2024. L’Agence de la Dette a décidé de limiter le montant levé par ce bon d’Etat à 6 milliards d’euros, dès qu’elle arrive à ce montant, elle peut clôturer anticipativement la souscription.

Si vous avez acquis des bons d’Etat, vous gardez la possibilité de les revendre en cas de besoin urgent de liquidités (en Bourse, sur le "marché secondaire", dont le cours peut être consulté à partir du 4 mars sur le site d’Euronext) mais dans ce cas vous risquez de perdre de l’argent, puisque le capital n’est garanti par l’Etat belge qu’à l’échéance convenue. Avant cela son cours peut varier en fonction des taux d’intérêt des marchés financiers. Il faut aussi garder à l’esprit que, en cas de vente en Belgique sur le marché secondaire, une transaction est soumise à la taxe sur les opérations de Bourse de 0,12% (avec un maximum de 1300 euros).

Jean Deboutte, patron de l’Agence fédérale de la Dette, invité de Matin Première le 22/02/2024